Auguste Herbin : itinéraire vers l’Absolu
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Une vocation précoce
Né dans un village proche de Cateau-Cambrésis en 1882, Auguste Herbin y intégrera à l’âge de 14 ans la 1ère école municipale de dessin.
Il y suit des cours pendant 4 ans et obtient plusieurs médailles puis une bourse au mérite de la municipalité afin d’étudier à l’école des Beaux-Arts de Lille sous la direction de Pharaon de Winter. Il y entre en 1900.
Dès ses débuts, il est à l’aise dans tous les genres et manie le pinceau avec beaucoup de talent : précision et délicatesse, subtilité et harmonie dans le choix des couleurs, équilibre des compositions.
La traversée des bouleversements artistiques de son siècle
Lors d’un voyage d’étude à Bruges, il découvre l’impressionnisme.
Son attrait pour ce mouvement l’oppose à son professeur qui lui apparaît trop académique, et c’est ainsi qu’en 1901, il quitte Lille pour faire carrière à Paris.
Sa force : suivre son intuition.
Après ses premières œuvres qui s’inscrivent dans le mouvement post impressionniste, il deviendra l’un des premiers fauves.
Et dès 1908, il est considéré comme l’un des précurseurs du cubisme.
Moins d’un an se sont écoulés entre son Portrait de jeune fille, tableau fauve peint en 1907 et Portrait de femme aux cheveux rouges, tableau déjà cubiste.
Tout va très vite. La société évolue, elle semble vouloir rompre avec l’académisme. La modernité est recherchée dans tous les domaines.
Auguste Herbin fait partie des inventeurs du cubisme, de la même façon que Picasso, Braque ou Gris.
Herbin n’est pas un artiste « mondain », il ne fréquente pas ou très peu les réunions d’artistes.
En revanche, il lit beaucoup, se tient au courant des avancées de son temps, avec une préférence pour la philosophie et la poésie.
Wilhelm Uhde, grand collectionneur et admirateur d’Herbin, écrira : « Sa peinture n’est pas une chose « intéressante » mais grande et belle ; elle n’occupe pas par des démarches cérébrales notre intelligence, mais elle évoque par sa passion la nôtre. C’est tout d’abord notre cœur qui la remercie. » (cf le catalogue de l’exposition « Herbin », galerie Clovis Sagot,1908).
Indéniablement, la peinture d’Herbin touche profondément le public.
Dès ses premières toiles cubistes, une direction se dessine dans la peinture d’Herbin : la synthèse et la simplification, un premier pas vers l’art abstrait.
Déçu de l’échec de son projet d’œuvres monumentales, dans lequel il avait à cœur de toucher toutes les matières, il fera une parenthèse dans l’art figuratif avant de s’orienter définitivement vers l’art abstrait, puis d’ouvrir la voie à l’art moderne.
Son apport inédit dans la recherche de l’Absolu
Dès 1919, époque à laquelle Herbin rompt avec le cubisme, il entre dans une abstraction inédite avec sa première Danseuse.
Dans son livre L’art non-figuratif non-objectif, il exprime son désir de « matérialiser l’esprit et de spiritualiser la matière ».
Pendant la seconde Guerre Mondiale, les théories sur la couleur de Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) et les intuitions plus largement pseudoscientifiques de Rudolf Steiner (1861-1925), fondateur de la Société anthroposophique, nourrissent sa réflexion.
Il est définitivement éclairé en écoutant la dernière fugue de Bach, écrite sur les quatre notes qui sont désignées par les quatre lettres : B, A, C, H.
C’est ainsi qu’ il développe un « alphabet plastique », qu’il conçoit comme un langage universel, associant formes géométriques, lettres de l’alphabet, couleurs et notes de musique.
Ces différentes composantes vont lui permettre de concevoir ses tableaux à partir de noms soigneusement choisis qui deviennent les titres de ses oeuvres (Pluie, parfum, Unité, Ile,…).
« J’ai adopté (…) cette méthode pour avoir la possibilité illimitée de création et de renouvellement ». écrit-il.
L’idée révolutionnaire est le renoncement à l’objet, à la figuration.
En éliminant la figure, la peinture atteint paradoxalement une liberté, une créativité et une expressivité absolues.
Une méthode déterminante pour le renouveau de l’art abstrait géométrique.
Bien que tombé dans l’oubli, à sa mort en 1960, il fut deux fois plus côté que Georges Braque, et reconnu bien avant Fernand Léger.
Il a été soutenu par des marchands tels que Léonce Rosenberg et Denise René, collectionné par des collectionneurs tels que Sergueï Chtchoukine et Wilhelm Uhde.
Des œuvres d’Auguste Herbin sont exposées au musée Matisse du Cateau-Cambrésis.
Il a fondé en 1931 en collaboration avec Georges Vantongerloo, le groupe Abstraction-Création.
A partir de 1946, il est l’un des cofondateurs du Salon des Réalités Nouvelles au sein duquel il assume la fonction de vice-président.
En 1949 paraît son livre « L’art non-figuratif non-objectif ».
Ses peintures comptent parmi les plus belles de œuvres de l’histoire de l’art abstrait.
Le Musée de Montmartre , à Paris, a consacré à ce fabuleux artiste une superbe exposition « Auguste Herbin, le maître révélé », du 15 mars au 15 septembre 2024.
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