Du 15 mars au 15 septembre 2024, le Musée de Montmartre a accueilli une rétrospective exceptionnelle intitulée Auguste Herbin, le Maître révélé. Première grande exposition parisienne dédiée à cet artiste méconnu, l’événement a permis de redonner à Herbin la place qu’il mérite dans l’histoire de l’art moderne.
Herbin, une figure clé des Avant-gardes
Né en 1882, Auguste Herbin a traversé plusieurs courants artistiques majeurs : du fauvisme au cubisme, en passant par l’abstraction géométrique. Dès 1905, ses premières œuvres fauves attirent l’attention des critiques et des collectionneurs de renom, comme Wilhelm Uhde et Ivan Morozov. À partir de 1908, il participe au Salon des Indépendants aux côtés de Picasso et Braque, contribuant ainsi à l’essor du cubisme. En 1909, il s’installe dans l’emblématique Bateau-Lavoir à Montmartre, où il côtoie les grandes figures de l’avant-garde pendant près de deux décennies.
L’exposition au Musée de Montmartre met en lumière ces différentes étapes de son parcours artistique. Des œuvres de ses débuts, influencées par l’impressionnisme et le cubisme, aux toiles abstraites des années 1920, chaque période illustre son exploration incessante de la couleur et de la forme.
L’Invention d’un Alphabet Plastique
L’un des temps forts de l’exposition est l’exploration de l’« alphabet plastique » d’Herbin, développé durant la Seconde Guerre mondiale. Ce système novateur associe des formes géométriques, des couleurs et des lettres pour créer un langage artistique universel. Inspiré par les théories de Goethe sur la couleur et les idées ésotériques de Rudolf Steiner, Herbin ambitionnait d’élaborer un art accessible à tous.
Cet alphabet est exposé à travers des œuvres majeures provenant de collections prestigieuses, telles que le Musée d’Art Moderne de Paris ou le musée Kröller-Müller aux Pays-Bas. Son influence se fait sentir bien au-delà de son époque, notamment dans l’Op Art et l’art cinétique, portés par des artistes comme Victor Vasarely.
Une injustice réparée
Malgré son rôle central dans l’art moderne, Auguste Herbin a longtemps été éclipsé par ses contemporains. L’exposition au Musée de Montmartre répare cette injustice en offrant une rétrospective complète et immersive. Le lieu, chargé d’histoire, est particulièrement symbolique puisque Herbin y a vécu et travaillé. Les visiteurs ont pu parcourir une sélection d’œuvres inédites, accompagnées de documents d’archives et de photographies.
En retraçant son parcours, l’exposition met en lumière la singularité d’Herbin : un artiste qui a constamment cherché à réinventer son art tout en conservant une profonde humanité. À travers ses expérimentations, il a marqué durablement l’histoire de l’abstraction, tout en demeurant fidèle à sa vision utopique d’un art au service de la société.
Une réception enthousiaste
L’exposition a été saluée par la critique pour son approche pédagogique et son ambition. Elle a permis à un large public de redécouvrir un artiste dont l’œuvre est aussi complexe que captivante. Grâce à des prêts exceptionnels et à une scénographie immersive, le Musée de Montmartre a offert une plongée fascinante dans l’univers d’Herbin, rendant justice à un pionnier de la modernité.
Cette rétrospective constitue une étape importante dans la redécouverte de l’œuvre d’Herbin, qui continue d’inspirer les générations d’artistes et de passionnés d’art moderne
Creacontact, Ambassadeur des Savoir-Faire.