A travers l’exposition Mode et Sport qui s’est achevée le 7 avril, le MAD (Musée des Arts décoratifs de Paris) s’est interrogé sur l’évolution des liens entre la mode et le sport pour mettre en exergue la mode comme prétexte au sport, puis le sport comme prétexte à la mode.
Siècle charnière dans cette évolution : le XIXème siècle.
Pour de nombreux historiens, c’est à cette époque que naît le sport au sens moderne du mot.
La mode prétexte au sport
Avant le XIXème siècle, (on ne parle pas ici des jeux de l’antiquité), les activités physiques sont des divertissements , certains réservés à une élite et dont l’enjeu est d’afficher son raffinement et de cultiver l’entre soi.
Il s’agit de passer un moment agréable, de paraître et de renforcer les liens sociaux. Que l’on gagne ou que l’on perde, cela n’a aucune importance. Nous sommes aux antipodes de l’esprit de compétition si promu aujourd’hui.
Avant le XIXème siècle, la mode est ainsi un prétexte au sport.
Des allusions à la mode ont d’ailleurs intégré le vocabulaire du monde sportif.
- Au Moyen-Age, le chevalier qui sortait vainqueur d’une joute amicale recevait en cadeau de sa dame, la manche de son vêtement, détachable par de petits laçages appelés « aiguillettes ». Le rituel est rentré dans le langage du sport et c’est ainsi que persiste encore aujourd’hui l’expression « remporter une manche ».
- A partir de la Renaissance, les amateurs du très populaire jeu de Paume (l’ancêtre du tennis), prennent l’habitude d’enfiler une tenue plus légère, souvent blanche.
- A partir du XVIIieme et XIXème siècle, des activités comme l’équitation, la chasse, l’archerie et l’escrime, qui étaient d’abord des activités utilitaires, sont devenues loisirs pour finir par devenir également sports de compétition.
Le XIXème siècle époque charnière
Le XIXème siècle est une époque charnière où le desport (divertissement) cède la place au sport au sens moderne du terme.
Si les tenues d’archières restent très proches des robes à la mode, on commence à observer dans certaines disciplines des évolutions vers plus de confort, sans pour autant perdre de vue le souci de l’élégance.
C’est ainsi que la laine et le coton, plus confortables et moins salissants, remplacent la soie, dans nombre de disciplines.
Les premières culottes apparaissent pour préserver la pudeur des cavalières, qui, à l’époque, montaient en amazone pour des raisons de décence.
Invisible car porté sous les robes, cet accessoire constitue un 1er pas vers le pantalon féminin.
L’emploi du tweed et la création de nouvelles formes qui libèrent les mouvements transforment le costume de chasse en Angleterre.
Les escrimeurs doivent attendre la fin du XIXème siècle pour être doté d’un uniforme.
Avant l’utilisation de vestes électriques, il était d’usage d’utiliser un vêtement blanc afin de mieux voir les taches laissées par les touches, la pointe des armes étant préalablement trempées dans de l’encre pour faciliter le comptage des points.
Afin d’éviter tout déboutonnage malencontreux, le boutonnage est asymétrique.
La gymnastique, apparue au xixème siècle pour entretenir un corps en bonne santé se dote à la fin du siècle de tenues relativement légères, composées de tuniques et de culottes offrant une plus grande amplitude.
Le corset disparaît. Un corps mince et un bon maintien sont désormais assurés par le sport.
Ce n’est qu’avec l’idée de compétition et de performance q des vêtements conçus spécifiquement pour le sport font leur apparition au XIXème.
Tandis q les sports collectifs se diffusent, le tennis, le golf ou le croquet deviennent des activités prisées de la bourgeoisie.
Les hommes se défont de leurs vestes, et retroussent les manches de leur chemises, les femmes portent des robes raccourcies.
Le coton, léger et lavable est à l’honneur.
Des poches sont ajoutées aux robes des joueuses de tennis pour y ranger les balles.
L’élégance reste prioritaire, la performance n’est pas un enjeu.
Si les 1ers JO modernes sont réservés aux amateurs, la professionnalisation du sport gagne du terrain et accentue le besoin d’un équipement performant.
Le sport, prétexte à la mode
C’est durant l’entre 2 guerres que l’ on commence à concevoir des vêtements de sport à proprement parler :
- Le survêtement, conçu à l’origine pour être enfilé par-dessus la tenue pr réchauffer le corps avant et après l’entrainement, devient un accessoire essentiel.
- La chemise lacoste, qui a donné naissance au polo actuel, vient d’un autre « effet de manche », celui du joueur de tennis René Lacoste qui aurait découpé ses manches de chemise en plein match car trop contraignantes. Avec son associé bonnetier André Gillier, ils mettent ensuite au point le coton petit piqué, qui absorbe la transpiration et laisse passer l’air.
- Les maisons de couture se mettent au service des sportifs : en 1919, Jean Patou imagine pour la championne de tennis Suzanne Lenglen une robe plissée, particulièrement courte pour l’époque.
Depuis, les grands noms de la mode sont systématiquement choisis pour habillés les sportifs lors de grands évènements internationaux comme les jeux olympiques.
Depuis l’après guerre, les formes et les tissus portés par les athlètes sont intégrés aux gardes-robes.
Le style sportswear apparaît et ne cesse de se renforcer, comme en témoigne la place actuelle des polos, survêtements et sneakers.
Creacontact, Ambassadeur des Savoir-Faire.